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Pourquoi Agri-Éthique poursuit son ascension

Lancée par la Cavac en 2013 pour le blé, la démarche Agri-Éthique s’est diversifiée et suscite l’adhésion de plus en plus d’acteurs. Avec 252 M€ de CA, elle pèse aujourd’hui 58 % du commerce équitable origine France et en est devenue la référence.

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1Des échanges sains

Travailler sur un modèle différent, guidé par des échanges sains entre les acteurs, et garantir un prix fixe, rémunérateur, a minima sur trois ans, tel est l’objectif d’Agri-Éthique (AE). « Cette démarche a eu le mérite de redéfinir nos relations de travail, se félicite Pascal Pubert, directeur général adjoint de l’industriel vendéen La Boulangère. On passe moins de temps à discuter du prix des matières premières et on se concentre davantage sur l’amélioration de la qualité de celles-ci. » Créer des relations de confiance, c’est ce qu’entretiennent, rien que pour la filière blé AE, une quinzaine d’OS, autant de moulins et 900 boulangeries.

2Un prix fixé par l’amont

Karine Forest, à la tête de la minoterie Forest (Saône-et-Loire), en est convaincue : « Ce label permet de partir d’un prix de blé qui offre la possibilité à l’agriculteur de vivre normalement tout en ayant des pratiques agricoles responsables. » « Toutes les applications phytos sont faites à la suite de la visite des techniciens, toutes les parcelles sont suivies au N-tester », illustre par exemple Frédéric Geneste, futur directeur opérationnel de Descréaux. À l’origine, le négoce de l’Allier avait travaillé sur trois typologies d’agriculteurs et avait convenu que 180 €/t de blé correspondaient au prix de revient moyen. « À 180 €/t, ça impacte à la marge le prix du pain alors que 20 ou 30 €/t supplémentaires pour un agriculteur, c’est rémunérateur. En agriculture, des contrats dont le prix est unique sur trois ans et défini par l’amont, ça n’existe pas ailleurs. » Baptiste Bernard, responsable filière et commercialisation du groupe Bernard, abonde : « Les agriculteurs qui se sont engagés dans la démarche s’en sortent bien mieux, avec des rendements quasi similaires. Les voir avec le sourire, ça fait plaisir ! »

3Un pacte de progrès

« Cette démarche est une réponse pour des producteurs qui ont besoin de sécuriser un revenu et qui sont prêts à progresser sur le plan environnemental et sociétal, sans distinction de forme d’agriculture, appuie Jean-Luc Poisson, chargé de développement chez AE. Fixer un prix et avoir une visibilité sur la rémunération permet de travailler des exigences supplémentaires, contrairement aux cahiers des charges de plus en plus descendants et prescripteurs, mais pour lesquels la rémunération ne suit pas pour autant. » Par ailleurs, dans le cadre de l’adhésion en 2018 au collectif Commerce équitable France, la filière se doit de contribuer à un fonds collectif dont la vocation est de procéder à des expérimentations pour faire évoluer les pratiques. « Chez nous, c’est minimum 0,5 % du CA généré par l’achat des matières premières par un premier transformateur », traduit-il.

4Une notoriété à travailler

Pas forcément bien identifiée, AE travaille au développement de sa notoriété, avec un nouveau logo, et élargit sa gamme, au-delà du blé, des œufs, du lait, du porc, des légumes secs, avec tout récemment le miel et les condiments. « La sensibilisation des consommateurs à des modes de production durables étant un des piliers du commerce équitable, rappelle Jean-Luc Poisson, nous allons également rééquilibrer la communication sur les bénéfices environnementaux, car nous allons être capables de les mesurer au travers d’études d’impact. Ces données chiffrées faciliteront la compréhension de notre label. » Et au sein de la filière, il est encore nécessaire de faire se rencontrer agriculteurs, boulangers et commerciaux des meuneries pour convaincre du bien-fondé de la démarche. Comme cela a eu lieu en septembre chez Bernard.

Renaud Fourreaux

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